CÔTE D'IVOIRE : LE COSIM SOUHAIT UNE INTÉGRATION DE LA LANGUE ARABE DANS LE SYSTÈME ÉDUCATIF
#LibreOpinion
L'ENSEIGNEMENT DE L' ARABE N'EST PAS L' ENSEIGNEMENT DE L' ISLAM
Le Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires Islamiques (COSIM) a clos ce dimanche 16 juin 2019, les travaux de sa quatrième conférence à Abidjan Sofitel Hôtel Ivoire.
Dans sa déclaration de clôture, le COSIM a réitéré sa demande d'adoption
d'une loi définissant clairement les principes de la laïcité et les modalités de son application; l'ntroduction de la langue arabe comme langue vivante dans le système éducatif ivoirien tel que le sont l'anglais, l'allemand et l'espagnol ;
l'intégration des diplômés arabophones à des postes d'emplois pour lesquels ils ont la qualification et les compétences requises.
Depuis cette déclaration, les commentaires aussi tendancieux les uns que les autres vont bon train. Certains vont mêmes jusqu'à offenser les leaders religieux auteurs de ces déclaration, et leur collent des étiquettes politiques.
Pour certains analystes, les requêtes formulées par le COSIM visent à l'islamisation de la république dont la laïcité est pourtant affirmée par l'article 49 de la constitution de 2016.
Vu toutes les polémiques que cela suscite dans la presse et surtout sur les réseaux sociaux, nous avons jugé bon de faire connaître notre point de vue sur ces différentes questions que posent ou que peuvent se poser certaines personnes. Aussi, voudrions-nous apporter quelques éclaircissements à tous ceux qui, de toute évidence, n'ont rien compris de la laïcité et qui font l'amalgame entre enseigner l'arabe et enseigner l'islam.
Dans cette première analyse sur ces questions, nous allons nous intéresser à la demande du COSIM d'instaurer l'arabe dans le système éducatif ivoirien.
Les autres points feront certainement l'objet de nos prochaines interventions.
La langue arabe est originaire de la péninsule Arabique, où elle devint au VIIe siècle la langue du Coran et la langue liturgique de l'islam. Elle a préexisté à l'islam. Elle fut pendant des siècles et des siècles la langue de peuples idolâtres et polythéistes bien avant même l'avènement de l'islam (vers 610).
L'islam ne signifie donc pas arabe et arabe n'est pas forcément islamique. Il y'a bien des égyptiens chrétiens, des palestiniens chrétiens, samaritains et juifs alors que l'arabe est leur langue officielle. L' Indonésie qui n'est pas un pays arabe (la langue officielle est l'indonésien) abrite environ 204 847 000 musulmans et est considéré comme le plus grand pays musulman au monde.
Le Mali, le Niger, le Sénégal...ne sont pas arabes mais sont des pays à la grande majorité musulmane. Le Mali s'est islamisé pas par la langue arabe mais bien par leurs langues locales surtout le bambara. Si la Côte d'Ivoire doit aussi s'islamiser, ça pourrait être aussi par le malinké, le sénoufo, le baoulé peut être même par le français, pas forcément par l'arabe.
Introduire l'arabe dans le système éducatif, n'est pas introduire l'apprentissage de la pratique de la religion musulmane, c'est à dire comment faire la prière, le hadj, la zakat ou les prières quotidiennes. Non ça ne sera pas ça ! Ça serait plutôt apprendre aux élèves l'alphabet, la grammaire, la conjugaison, la rédaction...en arabe.
Faire l'amalgame entre l'islam et l'arabe, c'est comme si quelqu'un disait qu'apprendre l'allemand, c'est devenir nazi et l'italien, c'est apprendre le fascisme.
L'arabe fait bien partie des langues officielles de l'ONU, mais l'ONU n'est pas devenu pour autant une organisation musulmane ou islamique.
Nous sommes réconfortés dans notre logique que l'arabe n'est pas l'islam, car en 2003, travaillant pour une organisation non gouvernementale, nous avons échanger avec un pakistanais, biologiste de formation qui, bien qu'étant musulman, était ébahi devant les prêches et sermons des imams. Notre pakistanais a pourtant fait toutes ses études en arabe (en Égypte), même s'il s'exprimait aussi dans un anglais approximatif, l'arabe était la langue qu'il maitrisait le plus au monde. Il pouvait expliquer toute la vie d'une plante dans un arabe très limpide qui forçait l'admiration des imams arabophones, mais était incapable de célébrer un mariage, un baptême ou faire un sermon. Lorsque les imams faisaient cela, il leur demandait où est-ce qu'ils avaient appris ces choses là.
Étonnés, parce que nous profanes, avions toujours cru que celui qui parle arabe, est forcément un "Houstaz" (un érudit de la religion musulmane). C'est un imam qui a éclairé ce jour là, notre lanterne. Il nous a expliqué que dans les pays arabes, il y'a les sciences islamiques et les autres sciences qui sont bien distinctes. On peut donc y étudier la médecine, l'économie, la philosophie, les maths...en langue arabe sans même rien savoir de l'islam. Même si la plupart des étudiants de ces pays concilient les deux sciences (islamique et autre telle que la chimie ou la géographie...), certaines personnes ne s'intéressent qu'à une seule.
Nous croyons que, tous ceux qui font les mêmes amalgames que nous faisions avant sur ces sujets, doivent être éclairés.
De toutes les façons, le COSIM n'a fait que des requêtes qui ne font mêmes pas l'ordre du jour des débats ni au gouvernement, ni au parlement.
Mais si d'aventure, une loi devait être adoptée pour faire droit à cette doléance, elle passera naturellement d'abord devant les représentations nationales (Assemblée Nationale et le Sénat) avant toute application. De même si demain, l'hébreu est aussi réclamé par d'autres citoyens, il devra suivre la même procédure. Ça devrait être aussi la même chose pour nos langues locales.
Au final, il arrivera un jour où l'État sera obligé de créer une série typiquement consacrée aux langues nationales et étrangères. Cela ne fera qu'enrichir le contenu des programmes scolaires et aussi baisser le taux de chômage au pays.
Le COSIM, en faisant cette doléance, croit que l'intégration de la langue arabe dans les programmes scolaires amènera le gouvernement à se tourner vers les madersas et autres écoles coraniques.
De notre point de vue, cela n'est pas obligatoire. l'État peut recruter sur place des diplômés du système éducatif arabe, les former pendant quatre ou cinq ans avant de les déployer sur le terrain, tout comme il peut décider aussi, d'envoyer des bacheliers ou étudiants du système officiel (français) dans des pays arabes pour se former à cet effet. Des pays comme l'Arabie Saoudite, les Émirats Arabes-unis, le Maroc...seraient certainement très ravis d'offrir gracieusement ce services à la Côte d'Ivoire qui est membre de l'Organisation de la Coopération Islamique depuis 2001.
Parmi les bacheliers et étudiants qu'on choisirait pour cette mission, il pourrait y avoir des musulmans comme des non musulmans.
Nous espérons que notre explication permettra aux uns et aux autres de comprendre que l'instauration de l'arabe comme une quatrième langue vivante à l'école, n' entravera en rien le caractère laïc de l'école et de notre chère république. Cela pourrait même être un plus pour les élèves et étudiants car, certainement d'autres portes s'ouvriraient à eux et cela raffermirait les relations entre la Côte d'Ivoire et les pays arabes.
Un analyste averti pour Brother's Consulting
Illustration: Alphabet Arabe
L'ENSEIGNEMENT DE L' ARABE N'EST PAS L' ENSEIGNEMENT DE L' ISLAM
Le Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires Islamiques (COSIM) a clos ce dimanche 16 juin 2019, les travaux de sa quatrième conférence à Abidjan Sofitel Hôtel Ivoire.
Dans sa déclaration de clôture, le COSIM a réitéré sa demande d'adoption
d'une loi définissant clairement les principes de la laïcité et les modalités de son application; l'ntroduction de la langue arabe comme langue vivante dans le système éducatif ivoirien tel que le sont l'anglais, l'allemand et l'espagnol ;
l'intégration des diplômés arabophones à des postes d'emplois pour lesquels ils ont la qualification et les compétences requises.
Depuis cette déclaration, les commentaires aussi tendancieux les uns que les autres vont bon train. Certains vont mêmes jusqu'à offenser les leaders religieux auteurs de ces déclaration, et leur collent des étiquettes politiques.
Pour certains analystes, les requêtes formulées par le COSIM visent à l'islamisation de la république dont la laïcité est pourtant affirmée par l'article 49 de la constitution de 2016.
Vu toutes les polémiques que cela suscite dans la presse et surtout sur les réseaux sociaux, nous avons jugé bon de faire connaître notre point de vue sur ces différentes questions que posent ou que peuvent se poser certaines personnes. Aussi, voudrions-nous apporter quelques éclaircissements à tous ceux qui, de toute évidence, n'ont rien compris de la laïcité et qui font l'amalgame entre enseigner l'arabe et enseigner l'islam.
Dans cette première analyse sur ces questions, nous allons nous intéresser à la demande du COSIM d'instaurer l'arabe dans le système éducatif ivoirien.
Les autres points feront certainement l'objet de nos prochaines interventions.
La langue arabe est originaire de la péninsule Arabique, où elle devint au VIIe siècle la langue du Coran et la langue liturgique de l'islam. Elle a préexisté à l'islam. Elle fut pendant des siècles et des siècles la langue de peuples idolâtres et polythéistes bien avant même l'avènement de l'islam (vers 610).
L'islam ne signifie donc pas arabe et arabe n'est pas forcément islamique. Il y'a bien des égyptiens chrétiens, des palestiniens chrétiens, samaritains et juifs alors que l'arabe est leur langue officielle. L' Indonésie qui n'est pas un pays arabe (la langue officielle est l'indonésien) abrite environ 204 847 000 musulmans et est considéré comme le plus grand pays musulman au monde.
Le Mali, le Niger, le Sénégal...ne sont pas arabes mais sont des pays à la grande majorité musulmane. Le Mali s'est islamisé pas par la langue arabe mais bien par leurs langues locales surtout le bambara. Si la Côte d'Ivoire doit aussi s'islamiser, ça pourrait être aussi par le malinké, le sénoufo, le baoulé peut être même par le français, pas forcément par l'arabe.
Introduire l'arabe dans le système éducatif, n'est pas introduire l'apprentissage de la pratique de la religion musulmane, c'est à dire comment faire la prière, le hadj, la zakat ou les prières quotidiennes. Non ça ne sera pas ça ! Ça serait plutôt apprendre aux élèves l'alphabet, la grammaire, la conjugaison, la rédaction...en arabe.
Faire l'amalgame entre l'islam et l'arabe, c'est comme si quelqu'un disait qu'apprendre l'allemand, c'est devenir nazi et l'italien, c'est apprendre le fascisme.
L'arabe fait bien partie des langues officielles de l'ONU, mais l'ONU n'est pas devenu pour autant une organisation musulmane ou islamique.
Nous sommes réconfortés dans notre logique que l'arabe n'est pas l'islam, car en 2003, travaillant pour une organisation non gouvernementale, nous avons échanger avec un pakistanais, biologiste de formation qui, bien qu'étant musulman, était ébahi devant les prêches et sermons des imams. Notre pakistanais a pourtant fait toutes ses études en arabe (en Égypte), même s'il s'exprimait aussi dans un anglais approximatif, l'arabe était la langue qu'il maitrisait le plus au monde. Il pouvait expliquer toute la vie d'une plante dans un arabe très limpide qui forçait l'admiration des imams arabophones, mais était incapable de célébrer un mariage, un baptême ou faire un sermon. Lorsque les imams faisaient cela, il leur demandait où est-ce qu'ils avaient appris ces choses là.
Étonnés, parce que nous profanes, avions toujours cru que celui qui parle arabe, est forcément un "Houstaz" (un érudit de la religion musulmane). C'est un imam qui a éclairé ce jour là, notre lanterne. Il nous a expliqué que dans les pays arabes, il y'a les sciences islamiques et les autres sciences qui sont bien distinctes. On peut donc y étudier la médecine, l'économie, la philosophie, les maths...en langue arabe sans même rien savoir de l'islam. Même si la plupart des étudiants de ces pays concilient les deux sciences (islamique et autre telle que la chimie ou la géographie...), certaines personnes ne s'intéressent qu'à une seule.
Nous croyons que, tous ceux qui font les mêmes amalgames que nous faisions avant sur ces sujets, doivent être éclairés.
De toutes les façons, le COSIM n'a fait que des requêtes qui ne font mêmes pas l'ordre du jour des débats ni au gouvernement, ni au parlement.
Mais si d'aventure, une loi devait être adoptée pour faire droit à cette doléance, elle passera naturellement d'abord devant les représentations nationales (Assemblée Nationale et le Sénat) avant toute application. De même si demain, l'hébreu est aussi réclamé par d'autres citoyens, il devra suivre la même procédure. Ça devrait être aussi la même chose pour nos langues locales.
Au final, il arrivera un jour où l'État sera obligé de créer une série typiquement consacrée aux langues nationales et étrangères. Cela ne fera qu'enrichir le contenu des programmes scolaires et aussi baisser le taux de chômage au pays.
Le COSIM, en faisant cette doléance, croit que l'intégration de la langue arabe dans les programmes scolaires amènera le gouvernement à se tourner vers les madersas et autres écoles coraniques.
De notre point de vue, cela n'est pas obligatoire. l'État peut recruter sur place des diplômés du système éducatif arabe, les former pendant quatre ou cinq ans avant de les déployer sur le terrain, tout comme il peut décider aussi, d'envoyer des bacheliers ou étudiants du système officiel (français) dans des pays arabes pour se former à cet effet. Des pays comme l'Arabie Saoudite, les Émirats Arabes-unis, le Maroc...seraient certainement très ravis d'offrir gracieusement ce services à la Côte d'Ivoire qui est membre de l'Organisation de la Coopération Islamique depuis 2001.
Parmi les bacheliers et étudiants qu'on choisirait pour cette mission, il pourrait y avoir des musulmans comme des non musulmans.
Nous espérons que notre explication permettra aux uns et aux autres de comprendre que l'instauration de l'arabe comme une quatrième langue vivante à l'école, n' entravera en rien le caractère laïc de l'école et de notre chère république. Cela pourrait même être un plus pour les élèves et étudiants car, certainement d'autres portes s'ouvriraient à eux et cela raffermirait les relations entre la Côte d'Ivoire et les pays arabes.
Un analyste averti pour Brother's Consulting
Illustration: Alphabet Arabe
Vivement que ça passe à l'assemblée nationale ivoirienne
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