LES DROITS DE MUSULMANS SUR LE MUSULMAN

LES DROITS DU MUSULMAN SUR LE MUSULMAN 

⏪1248 - Abû Hurayrah رضي الله عنه rapporte que le Messager d'Allah ﷺ a dit : « Les droits du musulman sur le musulman sont au nombre de six : lorsque tu le rencontres, salue-le ; lorsqu'il t'invite, réponds
à son invitation ; lorsqu'il te demande conseil, conseille-le ; lorsqu'il éternue et loue Allah, invoque pour lui; lorsqu'il tombe malade, rends-lui visite; et lorsqu'il meurt, suis son cortège funéraire. » ⏩
[Sahîh] (1) 

ENSEIGNEMENTS DU HADITH :  

1 - L'islam est une religion d'amour, d'affection et de fraternité. Il y encourage et y incite, et c'est pourquoi il a légiféré les moyens de parvenir à ces objectifs nobles. Parmi ces moyens les plus importants figure le respect des obligations sociales entre les individus musulmans. [La parole du Prophète ﷺ ne vise pas à restreindre les droits du musulman aux six mentionnés, car il existe d'autres droite, mais parmi ces droits: 

2 - Premier droit : le salut. Allah ﷻ dit : 
{يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تَدْخُلُوا بُيُوتاً غَيْرَ بُيُوتِكُمْ حَتَّى تَسْتَأْنِسُوا وَتُسَلِّمُوا عَلَى أَهْلِهَا}
{ Ô vous les croyants ! N'entrez pas dans des maisons autres que les vôtres avant de demander la permission et de saluer leurs habitants. } (3) et Il dit : 
{فَإِذَا دَخَلْتُم بُيُوتاً فَسَلِّمُوا عَلَى أَنفُسِكُمْ تَحِيَّةً مِّنْ عِندِ اللَّهِ مُبَارَكَةً}
{Lorsque vous entrez dans des maisons, saluez-vous, d'une salutation bénie et pure, venant d'Allah } (4) et encore : 
{وَإِذَا حُيِّيْتُم بِتَحِيَّةٍ فَحَيُّواْ بِأَحْسَنَ مِنْهَا أَوْ رُدُّوهَا}
{Si on vous salue, saluez d'une façon meilleure, ou rendez-le de la même manière } (5) 

Abû Hurayrah رضي الله عنه rapporte que le Prophète ﷺ a dit : « Vous n'entrerez au Paradis que lorsque vous croirez, et vous ne croirez réellement que lorsque vous vous aimerez. Voulez-vous que je vous indique ce grâce à quoi vous vous aimerez si vous le pratiquez ? Saluez-vous [abondamment et ostensiblement]. » (6) Ainsi, Allah ﷻ a fait du salut béni et bon un lien d'affection, d'amour et de fraternité entre les musulmans et les coeurs. C'est pourquoi il convient de le formuler avec tous ses termes et ses significations, en disant : « Que le salut, la miséricorde et les bénédictions d'Allah soient sur vous. » 

3 - Le salut (As-Salam) est une invocation, car As-Salam est un des Noms d'Allah ﷻ. Donc si tu dis : « 'Alayka » cela signifie : que le Nom d'Allah et Sa bénédiction soient sur toi, et qu'Allah te préserve [du verbe Sallama / Yusallim, préserver] de tout mal ; ceci car Allah est Celui qui préserve. On a également dit que As-Salam indiquait ici une invocation pour le salut (As-Salâmah) de celui auquel il s'adresse. As-Salâm porte donc les deux sens : celui du Nom d'Allah, et celui de l'invocation pour le salut [...] quant au fait de dire, après cela : comment vas-tu, ou autre, c'est un ajout dans le bien, mais il ne faut pas se contenter de cela en délaissant As-Salâm, car c'est un manquement vis-à-vis de ce qu'Allah ﷻ a légiféré.(7)

 4 - Ce droit au salut n'est pas obligatoire, et la preuve en est que le Prophète ﷺ a permis de s'écarter de son frère moins de trois jours lorsqu'il dit : « Il n'est pas permis au musulman de s'écarter de son frère au-delà de trois jours, se détournant l'un de l'autre lorsqu'ils se croisent. Le meilleur d'entre eux est celui qui salue le premier. » (8) ainsi le fait de saluer en premier n'est pas obligatoire, tant que cela n'est pas une manière de se détourner de son frère. (9) [Par contre, le fait de répondre au salut est obligatoire, en raison du commandement d'Allah ﷻ : { Si on vous salue, saluez d'une façon meilleure, ou rendez-le de la même manière }] (10)

5 - Al-Buhûtî a dit : « Il est recommandé de saluer en premier ; si un seul membre d'un groupe salue, cela est suffisant; si on salue une personne puis qu'on la rencontre de nouveau peu de temps après, il est recommandé de la saluer de nouveau une deuxième, troisième fois, ou plus ; et il ne faut pas délaisser le salut, même si on pense que la personne saluée ne répondra pas. » 

6 - La parole du Prophète ﷺ : « Les droits du musulman sur le musulman » exclut le non-musulman qu'il n'est pas permis de saluer en premier, en raison de l'interdiction mentionnée dans la parole du Prophète ﷺ : «Ne saluez (As-Salâm) pas en premier les juifs et les chrétiens. » (11) Par contre, on leur répond de la manière dont on a été salué, conformément à la Parole d'Allah ﷻ : « Si on vous salue, saluez d'une façon meilleure, ou rendez-le de la même manière » Ainsi, concernant le non-musulman, il n'est pas permis non plus de répondre d'une manière qui soit moindre, mais on répond de la même manière ; et ce qui apparaît est qu'il n'est pas non plus permis d'y ajouter, car s'il n'est pas permis de saluer en premier, l'ajout est considéré de la même manière, puisque cela comporte honneur, révérence et respect. Donc, si le non-musulman dit clairement : « Que la paix (As-Salâm) soit sur vous » on lui répond clairement « Que la paix soit sur vous », et s'il dit « Que la mort (As-Sam) soit sur vous », on répond : « Et toi de même » c'est là le comportement de l'islam, même lorsqu'il dit cela, on se comporte d'une meilleure manière que lui, en ne lui répondant que « Et toi de même » [...] et si on ne parvient pas à distinguer clairement ce qui a été dit, on répond : « Et toi de même» (12) 

7 - Les savants ont divergé concernant la formulation la plus méritoire du salut, quant à savoir s'il fallait employer le singulier (As-Salam 'Alayka) ou le pluriel (As-Salam 'Alaykum), le défini (As-Salam 'Alayka) ou l'indéfini (Salam 'Alayka). Ce qui apparaît est que la meilleure formulation lorsqu'on s'adresse à une seule personne est (As-Salam 'Alayka), mais il est permis de dire (As-Salam 'Alaykum) par déférence, si la personne en est digne, ou pour désigner également les anges qui l'accompagnent. (13) 

8 - Il convient que le jeune salue en premier celui qui est plus âgé, que ceux qui sont les moins nombreux saluent en premier ceux qui sont plus nombreux, que celui est sur une monture salue en premier celui qui marche, et que celui qui marche salue en premier celui qui est assis ; mais si l'un d'eux ne respecte pas ce qui convient qu'il fasse, il ne faut pas délaisser la Sunna, et ne pas dire : « C'est à lui qu'incombe de saluer en premier » mais il faut saluer, que la personne soit plus jeune ou plus âgée, car le Prophète ﷺ dit : « Le meilleur d'entre eux est celui qui salue le premier. » 

9 - Deuxième droit : « lorsqu'il t'invite, réponds à son invitation », Allah ﷻ dit : « lorsqu'on vous y invite, entrez. Puis, quand vous aurez mangé, dispersez-vous » (14) Ibn 'Umar رضي الله عنه rapporte que le Messager d'Allah ﷺ a dit : « Celui qui ne répond pas à l'invitation aura désobéi à Allah et Son Messager. » (15) et sous une autre formulation : « Lorsque l'un de vous est invité à un repas de noces, qu'il s'y rende. » (16) ou encore : « Lorsque l'un de vous reçoit une invitation qu'il y réponde. » (17) 

10 - Celui qui est invité à un repas de noces doit répondre à l'invitation, et celui qui est invité à toute chose ne comportant aucun interdit, doit répondre favorablement à l'invitation, en raison de la satisfaction que cela amène chez celui qui invite. Mais seul le fait de répondre favorablement à l'invitation au repas de noces est obligatoire, alors que répondre à toute autre invitation n'est que recommandé.(18) 

11 - Troisième droit : « lorsqu'il te demande conseil, conseille-le » ; Allah ﷻ dit : { Les musulmans ne sont que frères } (19) et Il dit en décrivant le comportement des prophètes s'adressant à leur peuple : { Je suis pour vous un conseiller sincère. } (20) Jarîr Ibn 'Abd Allah رضي الله عنه rapporte : « J'ai fait allégeance au Messager d'Allah ﷺ sur le fait d'accomplir la prière, d'acquitter la Zakat et de conseiller tout musulman. » (21) Anas رضي الله عنه rapporte que le Prophète ﷺ a dit : « Aucun ne vous ne croira réellement, tant qu'il n'aimera pour son frère ce qu'il aime pour lui. » (22) Tamîm Ad-Dârî رضي الله عنه rapporte que le Prophète ﷺ a dit : « La religion c'est la sincérité. » Nous dîmes : « Envers qui ? » Il dit : « Allah, Son Livre, Son Messager, les gouverneurs musulmans, et l'ensemble Ides musulmans]. » 

12 - La sincérité (An-Nasihah) est le pilier de la religion. La sincérité vis-à-vis de l'ensemble des musulmans consiste à les orienter vers ce qui comporte leur intérêt dans l'au-delà et ce bas-monde, les y aider, cacher leur intimité, combler à leurs manques, repousser d'eux le mal, leur apporter le bien, leur ordonner le bien, leur interdire le mal avec douceur et sincérité, être clément envers eux, respecter leurs anciens, être miséricordieux envers leurs jeunes, leur adresser de bonnes paroles, délaisser la tromperie et la jalousie à leur égard, aimer pour eux ce qu'on aime pour soi, et détester pour eux ce qu'on déteste pour soi. 

13 - Le conseil est une obligation collective, si s'en charge celui qui suffit à cela, l'obligation cesse pour les autres. Elle est obligatoire en fonction des possibilités. 

14 - Si un musulman demande à un autre musulman de le conseiller, cela est imposé à ce dernier ; par contre, si la demande n'est pas exprimée, le conseil n'est pas obligatoire, mais le conseil compte parmi les caractères méritoires de l'islam, et celui qui indique le bien est semblable à celui qui l'accomplit. 

15 - Quatrième droit : « lorsqu'il éternue et loue Allah, invoque pour lui» la manière dont cela doit être fait est mentionnée par Abû Hurayrah  رضي الله عنه qui rapporte que le Prophète ﷺ a dit : « Lorsque l'un de vous éternue, qu'il dise : « Louange à Allah », et que son frère lui dise : « Qu'Allah te fasse miséricorde », et que le premier lui réponde : « Qu'Allah vous guide et améliore votre situation. » » (23) An-Nawawî a dit : « Les savants sont unanimes sur le fait que cela est recommandé. »

 16 - Al-Buhûtî a dit : « Lorsqu'on éternue, on couvre son visage, et on ne se tourne pas, et on loue Allah. L'invocation pour celui qui éternue est une obligation collective. Il est réprouvé d'invoquer en faveur de celui qui ne loue pas, mais on doit enseigner à l'enfant et au nouveau converti de louer Allah. L'homme peut invoquer en faveur d'un autre homme, d'une femme âgée ou connue, mais il n'invoque pas en faveur de la jeune fille, et inversement. On invoque de nouveau si la personne éternue une deuxième ou troisième fois, et à la quatrième on invoque en faveur de sa guérison. » 

17 - Cinquième droit : « lorsqu'il tombe malade, rends-lui visite » ; 'Alî رضي الله عنه rapporte que le Prophète ﷺ a dit : « Pas à un musulman ne rend visite à un malade dans la matinée sans que soixante-dix milles anges ne demandent pardon pour lui jusqu'à ce qu'il se couche; et s'il lui rend visite dans la soirée, soixante-dix milles anges demandent pardon pour lui jusqu'à ce qu'il se réveille, et il en trouvera la récompense au Paradis » (24) 

18 - Shaykh Taqî Ad-Dîn a dit : « Ce qu'implique le sens apparent du Texte est l'obligation de rendre visite au malade, ce qu'a affirmé Al-Bukhâri alors que la majorité des savants est d'avis que cela est uniquement recommandé. An-Nawawî a rapporté une unanimité des savants sur le fait que cela n'est pas obligatoire. » 

19 - Le sens induit du hadith est que ce droit n'appartient qu'au musulman, mais le Prophète ﷺ a rendu visite à un jeune juif malades (25) , de même qu'il a rendu visite à son oncle Abû Tâlib (26). [Ainsi, si le fait de rendre visite au mécréant comporte un intérêt, comme le fait de lui présenter l'islam, on le fait, sinon on ne rend visite au mécréant que s'il existe un lien de parenté, car ce droit s'applique aussi bien au musulman qu'au mécréant, en raison de la Parole d'Allah ﷻ concernant les parents : « Et s'ils te contraignent à M'associer ce dont tu n'as aucune connaissance, ne leur obéis pas, mais continue à te comporter envers eux, en ce bas-monde, de manière convenable » (27) (28) 

20 - Ce droit ne concerne que celui qui ne peut sortir et se mêler aux gens, quant au musulman qui présente des signes de maladie mais se mêle aux gens, il ne dispose pas de ce droit. (29) 

21 - Lors de la visite, il faut considérer l'état du malade :s'il aime qu'on lui tienne compagnie, il n'y a pas de mal à prolonger la visite, mais s'il préfère s'isoler et rester en famille, on l'écourte. De même, si on voit qu'on peut lui rappeler des versets et hadiths mentionnant le mérite de la patience, on le fait ; et si on voit qu'il aime parler du passé, on le fait, ainsi ce qu'on cherche est de le réjouir. (30) 

22 - 'Â'ishah رضي الله عنها rapporte : « Lorsque le Prophète ﷺ rendait visite à un malade de sa famille, il passait sa main droite sur le corps du malade et disait : « Ô Allah I Seigneur des hommes. Éloigne ce mal et guéris - car Tu es Celui qui guérit, point de guérison si ce n'est la Tienne - sans laisser aucune trace de maladie. » 

23 - Sixième droit : « lorsqu'il meurt, suis son cortège funéraire » ; Abû Hurayrah رضي الله عنه rapporte que le Messager d'Allah ﷺ a dit : « Celui qui prend part au convoi funéraire jusqu'à la fin de la prière mortuaire, aura une rétribution égale à un Qîrât. Quant à celui qui y prend part jusqu'à l'enterrement aura l'équivalent de deux Qîrât [de rétribution ]. » On lui demanda : En quoi consistent ces deux Qîrât? Il répondit : « Ils sont comparables à deux montagnes gigantesques. » (31) 

24 - Al-Buhûtî a dit : « Prendre part au cortège funéraire fait partie de la Sunna, et c'est le droit du défunt et de sa famille. » [La participation au cortège funéraire est une obligation collective et non individuelle, et nombreux sont les exemples dans la Sunna qui mentionnent que le Prophète ﷺ vit des cortèges sans y prendre par] (32). 

25 - Il est réprouvé d'élever la voix, de crier lorsque le corps est levé, même pour réciter le Coran, et il est recommandé de suivre le cortège avec recueillement et réflexion sur sa propre situation, en cherchant une exhortation face à la mort et ce qui attend le défunt. Il est réprouvé de sourire, et plus encore de rire, de même que de parler de choses mondaines. 

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